La dégradation progressive de la qualité logicielle

Non, aujourd’hui je ne vous parlerais pas de l’obsolescence programmée. Aujourd’hui, je vais vous parler de « l’inutilisabilité » progressive de nos appareils. Avez-vous déjà remarqué qu’un produit high-tech que vous utilisez quotidiennement était, depuis que vous l’avez mis à jour vers sa dernière version dite stable, devenu plus instable? Personnellement, j’en fais la triste expérience depuis quelques temps…

Tout à commencé il y a quelques mois avec mon iPod Touch dernière génération (ce détail est important car il écarte immédiatement toute possibilité d’obsolescence programmée). Celui-ci subit de plus en plus de « coups de stress »: il m’arrive de plus en plus souvent de voir mon springboard se bloquer pendant cinq secondes ou le son d’une vidéo se désynchronisation de l’image. Inutile de vous dire que cela est très gênant. Et alors, allez vous me dire. De toute façon iOS c’est propriétaire et du coup ça foire… Oui, sauf que le logiciel libre est aussi concerné! En effet, j’utilise Ubuntu dans sa version desktop depuis sa version 10.04: avec ma Lucid Lynx, je pouvais faire ce que je voulais, sans contraintes: la seule chose « importante » que j’ai eu besoin d’installer était le pilote de ma carte wifi. Aujourd’hui, avec Xubuntu (Gnome 3 et Unity sont à mes yeux deux des plus grosses erreurs du logiciel libre), je n’ai que des problèmes. Tout d’abord, lors de l’installation, j’ai dû mettre un ventilateur sous mon PC (non, ce n’est pas une blague) pour qu’il puisse être ventilé correctement. En effet, ce jour là, M. (Mme?) Ubuntu avait décidé que de faire tourner le ventilateur de mon PC portable au minimum c’était cool. Une fois l’installation terminée, au bout de quatre heures (contre une demi heure pour Ubuntu 10.04), j’ai été confronté à un autre problème, mon home chiffré était tout simplement corrompu. Pour remédier à ce problème, j’ai dû me logger dans une tty, créer un utilisateur temporaire, lui attribuer les droits superutilisateur (grace à /etc/sudoers) pour pouvoir recréer mon compte (cette fois ci sans chiffrage de ma home). Ce problème en a entraîné deux autres: tout d’abord, je ne suis plus considérer comme le propriétaire de mon PC. J’ai donc dû activer le compte root pour pouvoir continuer à utiliser mon PC convenablement. Ensuite, je ne suis plus notifié des mises à jour disponibles. Je dois donc me débrouiller avec la console et apt-get… Ensuite, j’ai des « rapports d’arrêts inopinés » quotidiennement: la version a beau être appelée stable, elle l’est autant qu’un alcoolique le jour de la Saint Patrick… Pour terminer l’énumération des problèmes « majeurs » (oui car j’ai aussi des problèmes de son (entrée et sortie), de surchauffe, de sortie de veille, d’impression et bien d’autres encore), je ne peux pas faire d’accents circonflexes avec de nombreux logiciels (dont Opera, ce qui est extrèmement gênant).

Mais d’où cela peut-il venir, me direz-vous? Personnellement, je ne vois qu’une seule possibilité: la pression exercée sur les programmeurs. En effet, chez Apple, une lutte effrénée contre le jailbreak a été engagée: dès qu’une faille est trouvée, il faut sortir un patch pour empêcher un maximum d’iUsers de jailbreaker leur appareil à 300€. Le problème, c’est qu’en parallèle du « patching », les développeurs bossent sur les fonctionnalités d’iOS… avant de les envoyer sur un serveur central de type Git/SVN! Sauf que les « fix » ne sont pas tous testés convenablement, ce qui fait qu’ils rendent parfois les iDevices instables. Du coté d’Ubuntu, c’est légèrement différent. En effet, Canonical a décidé qu’une nouvelle version d’Ubuntu (et de ses variantes) devait sortir tous les six mois (au mois d’avril pour les .04 et au mois d’octobre pour les version .10). Le problème, c’est qu’avec cette date butoir non négociable, les développeurs, aussi nombreux soient-ils, n’ont pas toujours le temps de faire tout ce qu’ils souhaiteraient faire de manière convenable car ils doivent publier les versions de test de manière à ce que les utilisateurs les plus calés puissent faire leurs éventuels rapports de bug. Ce rythme infernal (ne nous voilons pas la face, six mois pour un système d’exploitation c’est beaucoup trop court) fini donc irrémédiablement par détériorer la qualité logicielle de nos appareils et par la suite entacher la réputation de la société (voire du logiciel libre dans le cas de Canonical, Ubuntu étant sans aucun doute distribution la plus connue dans l’opinion populaire).

Derrière ce long développement se cache un message à tous les développeurs: préférez la qualité de votre travail à fréquence de publication et ce, même si un système de mise à jour (semi-)automatique est présent. Dites vous que l’impression que se font les gens de votre programme se fait dans les cinq premières minutes d’utilisation.